Comment aider ?
- Vouloir aider une victime d'inceste devenue adulte peut paraître prétentieux. Pourtant une simple présence peut souvent apporter un réconfort inestimable !
Ouvrir ses antennes...
- Certaines professions sont plus exposées à la rencontre de victimes d'inceste. Le corps enseignant bien-sûr, de la maîtresse aux professeurs de collège et de lycée, les animateurs sportifs dans les associations, les moniteurs de colonie... Mais en fait, que ce soit dans le milieu professionnel ou privé tout le monde passe à proximité d'une victime d'inceste. Seulement lorsqu'on ne s'est jamais posé la question, lorsque ce mot fait encore peur, on ne voit rien ! Malgré mon passé de victime d'abus sexuel (et non pas d'inceste) j'étais comme 90% de la population aveugle à ce fléau.
- D’après l’UNICEF, dans les «pays industrialisés», durant toute leur enfance, 5 à 10% des filles et jusqu’à 5% des garçons sont victimes de viols, et un nombre jusqu’à trois fois supérieur subit une autre forme d’abus sexuel.
- Plus de 80% de ces viols sont intra familiaux !
Créer un espace sécurisé...
- Lorsqu'on ressent qu'il y a peut-être une situation suspecte, il ne faut pas essayer de mener une enquête, si la personne n'est pas prête à poser des mots, si elle sent que vous risquez de pénétrer dans son intimité elle risque de se refermer comme une huître . Dans cette première phase il faut essayer d'établir un lien, éventuellement tendre quelques perches mais de façon indirecte. La confiance vraie peut mettre un certain temps à s'établir, ce n'est pas forcement grave. Si vous pensez que la personne est encore en situation d'abus il faudra faire un signalement, mais cela n'enlèvera rien votre engagement vis-à-vis de la victime.
- Créer un espace de sécurité dans lequel la victime sait que rien ne sera divulgué, et où elle ne sera pas jugée :
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l'aider à formuler ses troubles, ses émotions qu'elle/il ressent dans l'instant présent ; besoins de pleurer, de crier, de se prostrer etc... il est tout à fait positif de laisser le corps s'exprimer. Lui montrer qu'on voit que le petit enfant parle en elle/lui, et qu'on est simplement là à l'attendre, sans peur, sans jugement !
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l'aider à expérimenter un lien de confiance (avec une asso, avec des amis)
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l'aider à avoir confiance en elle afin qu'elle expérimente peu à peu que les relations sont possibles,
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la rassurer sur le fait que son histoire n'est pas inscrite sur son front...
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la valoriser : en France nous n'avons pas trop cette culture, pourtant l'enfant abusé a souvent été extrêmement dévalorisé, "tu est nul(le)", "tu es incapable", "tu es mauvais(e)" sont des phrases type qui lui ont été rabâchées pendant son enfance. Il est difficile de valoriser une ancienne victime car elle doutera de la véracité de vos dire, c'est pourtant essentiel de lui dire qu'elle est douée!
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l'aider à dépasser ses phobies en posant des actes (sortir dans la rue, prendre le train etc...),
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l'aider à verbaliser son histoire, l'encourager à rencontrer une association, un psychologue, un professionnel
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Ne pas agir à sa place : vouloir trop bien faire est souvent très dangereux, C'est à la victime d'affronter les différentes étapes à son rythme, elle seule peut connaître la limite du supportable. C'est elle qui choisit sa voie : faisons-lui confiance ! Agir à sa place peut être ressenti comme un nouveau viol : nous devons la respecter dans son intimité.
Trouver la bonne distance...
- Pas trop loin pour que des signaux d'affection puisse passer, pas trop près pour ne pas rejouer une emprise sur la victime.
- Chacun doit conserver sa place, un conjoint ne doit pas prendre la place d'un thérapeute, un enfant doit rester l'enfant et un adulte rester adulte. Il faut là se faire confiance, faire confiance en son feeling. En cas de doute ne pas hésiter à demander conseil à un professionnel, ou a une association.
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